Le travail de Micheline Doke est unique à bien des égards, multiple à bien des égards.
Unique parce que personne, jamais n’a conçu d’univers qui ressemble au siens ; multiple parce que cet univers unique est nourri de tant de réalités qu’il en devient universel, qu’il en transcende sa contemporanéité.Unique dans le regard qu’il porte. Multiple dans les fenêtres qu’il ouvre, dans les dédales qu’il laisse transparaître.
On peut y déceler bien des féminités, de la préhistoire des vénus callipyges aux hiéroglyphes et aux codex. Ses dames-oiseaux s’inscrivent dans leur environnement géométrique comme autant de lettres sur la page, autant de notes sur la portée d’un regard de femme.
Unique parce que la netteté acérée et géométrique de cet univers zen et abstrait est le théâtre d’une figuration de force et de poésie. Multiple parce que son univers se décline, changeant, perpétuellement redécouvert pour rester le même.
Unique parce qu’il allie un art brut et profondément personnel à une dynamique architecturale et communautaire. Multiple en ce qu’il est la rencontre entre les cités troglodytes, les forteresses intemporelles et les HLM. Unique dans le regard qu’il porte. Multiple dans les fenêtres qu’il ouvre, dans les dédales qu’il laisse transparaître.
On peut y déceler bien des féminités, de la préhistoire des vénus callipyges aux hiéroglyphes et aux codex. Ses dames-oiseaux s’inscrivent dans leur environnement géométrique comme autant de lettres sur la page, autant de notes sur la portée d’un regard de femme.Elles sont prisonnières et gardiennes de leur monde, cachées, enfermées derrière leurs fenêtres. Elles sont offertes, alanguies, en attente ou à l’abandon ; elles dansent, bougent, volent dans leurs cadres prison, univers. Elles sont fragiles et friables dans leur matière et dans leurs membres effilés, et pourtant elles sont solides et immuables dans l’arrogance de leur ventre. Les matières qui les façonnent sont à leur image, solides et fragiles, tendres et parfois vénéneuses…
Micheline Doke a travaillé la terre, le plomb, la fonte, le ciment alvéolé, le bronze, la cire, la pierre de talc, la pâte à papier ou à pierre, le papier, le bois, l’aluminium, les boites de fromage, de biscuits, de conserve, les rouleaux de papier, des rouleaux de tissus ou de moquette, le rotin, le papier de soie, des papiers artisanaux d’origines diverses (Malaisie, Italie, Inde, etc.), tous les cartons possibles et imaginables, les feuilles d’or ou d’argent, le papier monnaie des cérémonies bouddhistes.Elle a mis en scène toutes ses matières, toutes ses créations de mille manières différentes, envolée de papillons, dôme géodésique, bulle de plexiglas, attente calme et posée, bijoux, boites, livres objets, œuvres de voyage ou gardienne grandeur nature.
A chaque nouveau projet, son travail se renouvelle, se redécouvre, se réinvente au-delà des contraintes précédentes, ludique, vivant, se construit puis s’offre, différent et pourtant tellement semblable, et pourtant tellement différent.