EXPOSITION

16.01 > 02.02.2020

Ker-Hove

Ker-Hove est né à Gand en 1921, dans une famille nombreuse de l’aristocratie, à l’éducation stricte. Il n’évoque que rarement son enfance dont il semble n’avoir gardé que peu de souvenirs.

Autodidacte, c’est à l’âge de 20 ans qu’il commence sa carrière artistique. Suivant l’exemple de son frère, il pratique le modelage, mais la terre cuite exige un four et beaucoup de place. C’est pourquoi, lorsqu’il s’installe à Bruxelles en 1960, il se tourne vers la peinture.
Ses premières œuvres sont empreintes d’inspirations de Bernard Buffet et des cubistes. Mais très vite, il trouve son style personnel.

Il peint dru, à la flamande. Sa technique est rude et directe. Alain Viray l’a décrit comme «un peintre expressionniste à la pâte solide, étalée avec rage… Un pamphlétaire qui, avec passion, agresse la société bourgeoise, ses juges et militaires… Un peintre à la figuration traitée à la hache, anguleuse et non sans maladresse qui fait preuve d’un véritable tempérament.»

Ker-Hove se qualifiait de pacifiste, catholique et anticonformiste, trois adjectifs que l’on pourrait facilement associer aux thématiques traitées. Son sujet, c’est l’humain, l’homme face à ses envies, ses angoisses et ses contradictions. Les femmes ou la sexualité y sont régulièrement sujets à moquerie. Il aime associer l’amour et la mort, le mariage et le veuvage, la pensée et la chair, la fleur et le cierge.

Il choisit de signer sous un pseudonyme: une contraction des patronymes familiaux. Mais «Ker-Hove» est devenu plus qu’un pseudonyme, c’est une deuxième peau, le Mister Hyde du vénérable Docteur en droit. C’est «Ker-Hove» qui lui permet d’admirer à la fois Saint François et Arafat, de parler du péché de la chair et d’apprécier Scarlett O’Hara, de peindre des hommes au regard lubrique et de détester par-dessus tout les machistes. C’est encore «Ker-Hove» qui lui sert d’exutoire à un milieu compassé dont il se libère par la satire.

Après avoir exposé à Bruges en 1972 et à Bruxelles en 1973, il décide de ne plus fréquenter les galeries et participe uniquement aux salons organisés par le Musée d’Art Spontané. Il ne recherche pas de reconnaissance, il peint pour lui, ne s’inquiète pas du «qu’en dira-t-on». S’il n’est pas compris, tant pis, s’il choque un peu, tant mieux.
Aussi, lorsqu’il nous quitte en août 2008, il laisse derrière lui des centaines de tableaux. Ce sont des piles de panneaux de contreplaqué, aux formats parfois impressionnants, couverts de sa verve picturale qui reposeront plus d’une décennie dans son garage. Aujourd’hui, suite à la mise en vente de la demeure familiale, ses enfants ont proposé au Musée de choisir des tableaux pour ses collections. C’est cette donation d’une cinquantaine d’œuvres qui est l’objet de l’exposition auquel nous vous convions.